Encore un top model à la retraite qui se pique de ritournelles ? Pas du tout. Pour Carla Bruni, qui a débuté à l'école de Julien Clerc, celle dirigée de mots de maître par Étienne Roda-Gil ou Jean-Loup Dabadie, l'affaire est plus poétique qu'anecdotique. Usant de formule brevetée par Gainsbourg, les voyelles édictées de "Raphaël" s'alignent sur le modèle de "Laëtitia" – elle repêche d'ailleurs dans la discographie de l'homme à la tête de chou "La Noyée" –, Carla Bruni joue dans la catégorie des chanteuses à textes, catégorie ringarde qui discrédite les arrangements sobres et subtils, discrètement cousus main par Louis Bertignac, ex-Téléphone. De sa voix sensuellement rauque, elle dévoile son intimité sur des airs folk bien troussés. Une reprise, une chanson coécrite avec le cinéaste Léos Carax, une adaptation d'un tube italien des années 50, Carla Bruni chantonne sans fard ni fioriture. Une reconversion réussie. --Sabrina Silamo