Bénabar a laissé à ses associés La P'tite Monnaie mais continue à présenter sa collection d’instantanés drôles et lucides, vignettes arrachées à sa vie de "Petit trentenaire". Digne héritier des Higelin, Renaud, Aznavour, Brassens ou Brel, Bénabar – du nom de clown Barnabé en verlan –, Bruno dans le civil, a été adopté par Henri Salvador. S’il traîne toujours sa désinvolture et son autodérision sur un air de fanfare de cuivres et d’accordéon, Bénabar découvre Les Risques du métier et se laisse parfois aller à la mélancolie en fêtant la retraite de "M. René" ou en s’attardant sur la jeunesse évanouie de "La Coquette". Mais son piano bastringue s’accorde mieux aux histoires ironiques de ce cousin de Sansévérino ou de Thomas Fersen, qui vadrouille entassé en voiture avec ses six copains "L’Itinéraire", fouille dans le "Sac à main" de sa bien-aimée et part en vacances avec sa petite famille en "Monospace". Bénabar, un héros de proximité. --Sabrina Silamo