Plutôt discret depuis une année 2001 mémorable (Belphégor, Vidocq, Le Peuple migrateur), Bruno Coulais revient en force avec ce film très attachant de Christophe Barratier. Autant dire que ce compositeur français qui réussit l'exploit de figurer dans le top ten des albums n'a pas raté son rendez-vous avec une histoire à faire rêver tous les compositeurs. Le résultat n'est pas seulement à la hauteur d'une réputation grandissante, il dépasse tout ce que l'on pouvait imaginer avec une simplicité confondante de sincérité. Rarement la musique de films aura autant mérité son statut de supplément d'âme. Reconnaissable entre tous, empreint d'une poésie lumineuse qui ne s'est jamais démentie depuis la révélation de Microcosmos, le style de Bruno Coulais resplendit littéralement au cours de ces quarante minutes saisissantes, bouleversantes. Le style est toujours aussi présent, fascinant, alors même qu'il semble s'effacer pour laisser parler une certaine idée de l'absolu musical. Sans jamais jouer sur la fibre sensible, la musique de Bruno Coulais parle vrai, elle s'adresse directement à l'inconscient enfantin qui sommeille en nous, elle réveille notre innocence, nous redonne un regard neuf où la fantaisie et l'insouciance se mêlent à cette mélancolie ténue de l'enfance lorsqu'elle est en proie à des sentiments contradictoires. Musicalement, c'est un bonheur de tous les instants. Humainement, c'est tout simplement déchirant. L'adéquation de la musique avec le film ? Exceptionnelle. La texture même de la partition, sa teneur chorale et la voix de soprano d'enfant si chère au compositeur, l'orchestration cristalline et dépouillée font beaucoup dans l'impression de pureté qui enveloppe chaque instant de la partition. Mais cette pureté provient surtout d'un élan, d'un souffle, d'une plongée en profondeur dans les joies et les douleurs de l'enfance. Une musique éternellement tournée vers le souvenir de l'enfance, où la science musicale est transcendée par une émotion vraie, dénuée d'artifices. Les Choristes de Bruno Coulais ? Une merveille. --Jean-Christophe Arlon